Page 19 - 70 ans de judo à Mâcon
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— Origines et développement du judo à Mâcon —

               Odyle TAVEL

                   Dans les années 60 assez peu de jeunes filles et de femmes pratiquaient le judo, à Mâcon comme
             ailleurs. En 1965 quand Odyle débute chez Jean BARNAY, c’est un peu par défi envers l’école privée où elle
             est collégienne, la mère supérieure lui ayant déclaré tout net :   « Mademoiselle TAVEL, faire du judo ? vous
             rouler par terre avec des garçons ? il n’en est pas question, je vous l’interdit ! »…
                   Voilà  donc  Odyle  sur  le
             tatami  de  la  rue  Rambuteau,
             avec  quelques  copines  comme
             Anne LAFARGE et Marie-France
             PAPILLON.
                   Elle  ne  manquait  jamais
             un  entraînement,  une  ren-
             contre  ou  une  démonstration,
             et  son  tempérament  lui  valut
             deux  surnoms;  aux  rencontres
             extérieures  (il  n’y  avait  pas  de
             compétitions officielles pour les
             féminines) ses adversaires l’ap-
             pelaient  ‘l’étrangleuse’  et  au
             club  les  garçons  l’avaient  affu-
             blée du sobriquet ‘j’te griffe’ !     Odyle TAVEL en 1968 au stage de Fréjus où les mâconnais venaient régulièrement

                   En  1969  Odyle  se  prépare  pour  la  ceinture  noire,  qui  ne  peut  se  passer
             qu’en technique pour les femmes, et pour laquelle il fallait présenter les cinq sé-
             ries du nage no kata, le ju no kata, des démonstrations techniques et des randoris.
                                                                er
             Ce n’est qu’en 1978 que les femmes purent passer le 1  dan avec seulement 3
             séries de nage no kata et 100 points en shiai. Le ju no kata est considéré à l’épo-
             que, au Japon comme en Europe, comme le kata féminin et pour le travailler il
             fallait s’inscrire à des  stages rares et souvent éloignés. C’est ainsi qu’en ce début
             d’été 69 Odyle avait tout préparé pour son stage de ju no kata en Espagne, quand
             Paul DEPOUILLY débarque chez elle en trombe : « viens, on t’emmène à Fréjus voir
             NORO et les maîtres japonais »...

                   L’intérêt des judokas mâconnais pour l’aïkido japonais n’est pas récent, et il a été suscité par Jean
             BARNAY qui encourageait ses élèves à s’intéresser aux autres arts martiaux. C’est ainsi que tout le club s’est
             déplacé en 1967 voir Me Masamichi NORO faire une démonstration d’aïkido à Bourg en Bresse, et l’année
             suivante à Lyon au Palais des Sports de Gerland avec d’autres experts japonais de divers arts martiaux. Mais
             les deux fois Odyle n’a pas pu faire les déplacement avec ses copains du club, alors quand il lui propose de
             les accompagner au stage de Fréjus, elle monte avec d’autres judokas mâconnais dans la veille Panhard de
             Paul. Elle va enfin « voir les maîtres japonais ».
                   Odyle TAVEL n’ira pas en Espagne travailler le ju no kata, ne sera pas ceinture noire de judo et même
             ne fera plus jamais de judo, car sa rencontre à Fréjus avec Maître NORO fut décisive pour le reste de sa vie;
             ils se marièrent peu après et aujourd’hui encore Odyle NORO-TAVEL est responsable administrative des
             nombreux dojos ouverts par son mari.




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